Jonas Hellborg - Icon

Depuis plus de vingt ans, Jonas Hellborg explore inlassablement le monde de la musique, tentant des mélanges à priori improbables (deux basses dans un seul groupe, des collaborations avec des musiciens syriens, indiens), qui s’avèrent pourtant à chaque fois réussis. Le bassiste suédois a en effet une vision universelle de la musique, et celui qui aimerait le classer définitivement dans telle ou telle catégorie s’en trouverait bien incapable.

Mais quel serait alors le dénominateur commun à tous ses disques ? La basse, bien sûr. Mais une basse inventive, unique, qui s’affirme avec le temps comme de plus en plus mélodique. De son approche originale de l’instrument, Hellborg dira par exemple s’être inspiré des joueurs de tablas pour créer ses différentes techniques de slap ; on reconnaît en lui un admirateur de Jaco Pastorius (le Jimi Hendrix de la basse), mais également de John McLaughlin et de son Mahavishnu Orchestra. Il va d’ailleurs faire ses armes dans ce groupe, avant de se lancer dans une carrière solo extrêmement prolifique (à peu de choses près, 40 albums aujourd’hui), mais malheureusement relativement confidentielle. Les errances des débuts, marqués par une sonorité “‘années 80” un peu trop marquée, vont faire petit à petit place à une œuvre étonnante de qualité, de profondeur.

En témoigne cet Icon, où l’on retrouve Shawn Lane (guitariste virtuose, diplômé à moins de dix ans du conservatoire de… piano, mais c’est une autre histoire) et les frères Vinayakram, Selvaganesh, Umashankar et Umamahesh ; les deux premiers étant percussionnistes, le troisième vocaliste.

L’album est composé en tout et pour tout de quatre morceaux, approchant les 25 minutes pour le plus long. Un choix qui permet aux musiciens de donner libre cours à leurs improvisations, entre les dialogues basse/guitare et les longues minutes de percussion vocale, ou les deux frères s’en donnent à cœur-joie dans d’impressionnants échanges.

La fusion entre jazz-rock et musique carnatique (d’Inde du sud) n’étant pas à priori un chose aisée, on peut finalement rester ébloui devant une telle maîtrise, et devant l’impression de “sagesse” qui ressort de cette musique. Hellborg est un artiste précieux, et je ne saurais que trop vous conseiller d’y jeter une oreille, malgré la mauvaise distribution dont il fait l’objet.

— Jonas Hellborg, Icon, Bardo Records, 2003
Chronique publiée initialement sur acontresens.com

Jérémy Garniaux
Jérémy Garniaux
Cartographe & développeur