Dem Ak Xabaar — Partir et raconter

Mah­moud Tra­oré et Bruno le Dan­tec avec Sonia Retamero, “Dem Ak Xabaar”, Par­tir et racon­ter — Réc­it d’un clan­des­tin africain en route vers l’Eu­rope, édi­tions Lignes, 2012.

Ce réc­it relate le périple de trois années effec­tué par Mah­moud Tra­oré entre Dakar (Séné­gal) et l’enclave espag­nole de Ceu­ta, où il par­tic­i­pa à l’assaut col­lec­tif de la « bar­rière de sécu­rité », le 29 sep­tem­bre 2005, et réus­sit à la franchir après plusieurs ten­ta­tives avortées. Loin des pon­cifs sur les immi­grés clan­des­tins, répétés ad nau­se­am par les respon­s­ables poli­tiques européens, on décou­vre ici la réal­ité com­plexe d’une organ­i­sa­tion con­ti­nen­tale du « pas­sage », où tous les can­di­dats à l’émigration ne sont pas des anges, ni tous les passeurs, des prof­i­teurs dénués de scrupules.

L’ou­vrage sur le site de l’éditeur

Entre­tien avec Bruno le Dan­tec sur Radio Grenouille

À pro­pos de la carte

En cou­ver­ture, une ver­sion sim­pli­fiée mais à l’emprise géo­graphique élargie per­met de situer en un clin d’oeil le chemin par­cou­ru par Mah­moud Tra­oré de sep­tem­bre 2002 à févri­er 2006, entre Dakar et Séville. À l’intérieur du pre­mier rabat, et en util­isant le même fond de carte, une carte plus détail­lée informe le lecteur des modes de trans­port de Mah­moud (bus, tax­i­brousse, marche, 4x4…), des accrochages sur­venus au fil du voy­age et du temps passé à chaque étape, sous forme de cer­cles noirs con­cen­triques — sur le rabat, la légende apporte les habituelles clés de lec­ture. Une troisième carte, réal­isée par le cama­rade David Mateos Esco­bar (du col­lec­tif Géo­graphiques) et Sébastien Rai­mon­di, édi­teur de l’ouvrage, se focalise sur la zone du Rif, au nord du Maroc, où Mah­moud a passé qua­si­ment la moitié de son voyage.

J’ai choisi d’utiliser un fond de carte dess­iné à la main, déposé dans le domaine pub­lic et disponible sur Shad­ed Relief Archive. Fruit de l’effort de Tom Pat­ter­son et Bern­hard Jen­ny, deux cartographes nord-américains, ce site pro­pose au télécharge­ment un cer­tain nom­bre de fonds de carte dess­inés à la main, en noir et blanc ou en couleur. C’est une véri­ta­ble mine d’or, et l’histoire de chaque fond de carte tient par­fois du roman. Celui-ci par exem­ple : dess­iné à l’origine par un artiste nom­mé Ken­neth Townsend pour une société états-uni­enne de car­togra­phie au début des années 1990, il a tran­sité de société en société, au hasard des dépôts de bilan et des rachats, avant d’être « sauvé », cédé à la Bib­lio­thèque du Con­grès et scan­né par Shad­ed Relief Archive au passage.

La pro­jec­tion azimu­tale équiv­a­lente de Lam­bert, choisie pour cette carte, est cen­trée sur l’Afrique (méri­di­en cen­tral : 20°E ; lat­i­tude d’origine : 0°N ; datum : WGS84). Le con­ti­nent y appa­raît plus gros que s’il s’agissait d’une représen­ta­tion en coor­don­nées géographiques.

Jérémy Garniaux
Jérémy Garniaux
Développeur SIG & doctorant en archéologie numérique